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L'évolution dans le temps des bastides en Provence

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Bastide du nord Luberon avec son mas sur l'arrière

Les premières bastides de Provence

Les premières habitations que l'on nommera une bastide en Provence sont clairement des « maisons isolées », voir un ensemble fermier tout entier (habitation + dépendances).

Elles sont bâties dans la campagne et non dans les villes, même si l’essor de ces dernières a fini par les englober dans un secteur urbain.

On en trouve des traces de ces "baftides", les « s » étant alors un « f », dans des écrits du moyen-age.

Les bastides des fermes

Avant d'être la résidence secondaire d'aristocrates et de bourgeois quelques siècles plus tard, c’est la maison d’un « maitre de ferme » qui a réussi mieux que les autres et a pu se payer une habitation détachée de celle de ses employés, généralement un simple mas. Ce dernier reste toutefois obligatoire pour pouvoir exploiter le domaine.

D’une certaine manière, cela rejoint la maison de maître des anciennes villae romaines, véritable centre d’une entreprise agricole.

En effet, les domaines agricoles romains, ou villae rustica, avait leur maison de maître différenciée des autres bâtiments, ceux qui servaient pour l'exploitation du domaine. C’est donc assez naturellement que l’on en trouve encore avec d’importantes bases agricoles, parfois même couplées à un mas, dans le secteur sud Ventoux que l’historien romain Pline vantera dans ses écrits comme ayant de très bons sols et étant très riche en Villae. Si une « petite richesse » d’affiche sur ces bâtiments, ce n’est pour l’instant qu’en comparaison avec les autres bâtiments du domaine, mais cela reste généralement bien en-deçà de ce que l’on va trouver dans les beaux quartiers des villes et leurs alentours.

Les bastides bourgeoises

A partir du XVIIème siècle puis plus fortement dès le XVIIIème, les aristocrates et les haut-bourgeois des grandes villes telles que Marseille, Aix, Arles, Avignon ou encore Carpentras s’offrent des maisons de campagne et font construire leur propre version de ces « bastides » de Provence, bastides qui n’auront au XIXème siècle plus guère de lien avec l’agriculture.

Le nom désigne toujours la maison des maîtres du domaine, et il faut que chacun le sache. Ainsi, l’architecture et surtout les matériaux deviennent rapidement beaucoup plus ostentatoires… Mais, contrairement aux premières bastides, la demeure n’est souvent utilisée qu’à la belle saison.

L'age d'or des bastides provençales bourgeoises

Si la période est propice au développement des bastides, deux booms sont clairement identifiables au début et à la fin du XVIIIème siècle.

Pour l’historien marseillais Georges Reynaud, des 300 bastides en 1595, on arrive à 550 en 1630, soit 250 de plus en seulement 35 années. Cela monte à 800 en 1765, soit encore 250 de plus en 135 ans, pour atteindre 1200 en 1791, soit 400 de plus en seulement 26 ans.

En 1785, le Dictionnaire De La Provence Et Du Comté-Venaissin donne comme définition « Bastide, nom que l’on donne en Provence aux maisons de campagne ou de plaisance. ». La bastide n'est plus alors l'habitation principale d'un domaine agricole, mais une résidence à la campagne.

Stendhal écrit en 1838 dans son Voyage dans le Midi à propos des bastides : « il y en a bien cinq à six mille dans les environs de Marseille. ». Le chiffre est sans doute exagéré et pourrait dépendre de la définition que l’on donne alors au mot Bastide, mais il ne laisse que peu de doute quand à la folle croissance de ce type de construction.

D'ailleurs, la litographie de 1842 Vue du Prado prise du Rond-point montre une campagne périurbaine envahie de bastides carrées.

Le déclin des vraies bastides

Rattrapées par l'urbanisation d'après-guerre, les terres de certaines bastides ont été grignotées. Cela a donné lieu à la création de véritables quartiers et, pour celles qui ont pu survivre, elles sont maintenant totalement noyées dans les zones urbaines. Quelques jardins sont conservés, mais le prix du m² de terrain du parc vaut souvent beaucoup plus pour la promoteur immobilier que celui du bâtiment et de ses terres laissés en l'état, et comme les mairies ont besoin de terres pour s'agrandir, il laisse souvent faire.

Ainsi, sans compter les "bastides modernes" dont pratiquement aucun élément architectural ne les lient à ses anciennes bastides, dans le courant du XXème siècle puis dans notre siècle, les vraies bastides sont petit à petit détruites, soit en raison de la pression urbanistique, soit parce qu’elles ont été laissées à l’abandon trop longtemps et qu’il n’y a plus grand-chose à sauvegarder.

A titre d'exemple, toujours sur le secteur de Marseille, 141 (vraies) bastides ont été détruites entre 1960 et 1990, et environ 200 seulement ont pu tourner le dernier siècle.

Pour en savoir plus

L’Avignonnais Fernand Benoit, historien et archéologue de la première moitié du XXème siècle, a mené plusieurs recherches sur ces architectures assez particulières, dont certaines sont dans son livre La Provence et le Comtat Venaissin - Arts et traditions populaires, réédité aux éditions Aubanel en 1992. Nous conseillons toutefois un livre qui reprend le factuel avec un brin de romance qui "fait rêver", La Provence au temps des bastides de Gilles Mihière et Camille Moirenc.

Sinon, Mas et bastides de Provence, de Henri Algoud, sorti en 1927.

Enfin, depuis la fin du XXème siècle, de nombreux ouvrages évoquent les bastides aixoises, marseillaises, du Luberon, des Alpilles, de Provence. Ils bénéficient généralement de belles illustrations, mas oublient parfois l'histoire autour de ces bâtiments pour n'en retenir finalement que le faste des derniers siècles.

Autres références :
Bastides et jardins de Provence de Nerte Fustier-Dautier,
Les bastides marseillaises - de la villégiature en Provence de Gilles Mihière,
La Provence des châteaux et des bastides de Daniel Faure (Photographie) et Frédéric D'Agay (Auteur)
Une bastide en Provence de Laurent Giraudou
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